Le Portugal au-delà de l’Algarve : 5 régions méconnues qui séduisent les voyageurs en quête d’authenticité
L’Alentejo, l’autre côte portugaise
S’étendant sur près d’un tiers du territoire portugais, l’Alentejo reste étonnamment préservé du tourisme de masse. Sa côte, longue de 170 kilomètres entre Tróia et Odeceixe, offre certaines des plages les plus spectaculaires d’Europe.
« L’Alentejo est le secret le mieux gardé du Portugal », affirme João Fernandes, président de l’Office du tourisme de l’Alentejo. « Ici, vous pouvez encore découvrir des plages immenses où vous êtes pratiquement seul, même en plein été. »
À Vila Nova de Milfontes, petite ville blanche surplombant l’embouchure du fleuve Mira, le temps semble s’être arrêté. Les restaurants en bord de mer proposent une cuisine simple mais raffinée, basée sur les produits locaux : fruits de mer, porc noir alentejano et vins robustes de la région.
Plus au nord, la péninsule de Tróia, accessible uniquement par ferry depuis Setúbal, abrite une longue bande de sable fin bordée de dunes préservées et de pinèdes odorantes. On y observe régulièrement des dauphins jouant dans l’estuaire du Sado.
À ne pas manquer : La Rota Vicentina, un réseau de sentiers de randonnée longeant la côte sur plus de 400 kilomètres, permet d’explorer les falaises spectaculaires et les criques secrètes de cette région.
Le Centre du Portugal, terre de traditions et d’histoire
Entre Lisbonne et Porto s’étend une région souvent négligée par les itinéraires touristiques traditionnels. Pourtant, le Centre du Portugal regorge de trésors patrimoniaux, de paysages variés et de traditions vivaces.
« Nous assistons à un intérêt croissant pour notre région », constate Pedro Machado, président du Tourisme du Centre du Portugal. « Les voyageurs recherchent des expériences plus profondes, une connexion avec la culture locale et une authenticité que les grandes destinations ne peuvent plus offrir. »
À Óbidos, cité médiévale ceinte de remparts, chaque ruelle pavée raconte une histoire. La ville accueille plusieurs festivals thématiques tout au long de l’année, dont le célèbre Festival international du chocolat en février et mars.
Dans la Serra da Estrela, plus haute chaîne montagneuse du Portugal continental, les villages de schiste (aldeias do xisto) témoignent d’un art de vivre ancestral. Ces habitations traditionnelles en pierre sombre ont été méticuleusement restaurées et accueillent désormais des hébergements de charme, des ateliers d’artisans et des restaurants proposant une cuisine de terroir.
À ne pas manquer : La visite de Coimbra, ancienne capitale du Portugal, avec sa prestigieuse université fondée en 1290 et sa bibliothèque Joanina, chef-d’œuvre baroque abritant plus de 300 000 ouvrages anciens.
Le Douro Verde, au-delà des croisières fluviales
Si la vallée du Douro est célèbre pour ses vignobles en terrasses produisant le fameux porto, sa partie occidentale, surnommée « Douro Verde » (Douro Vert), demeure largement méconnue des circuits touristiques.
Cette région verdoyante, irriguée par les affluents du Douro comme le Tâmega et le Paiva, offre des paysages bucoliques ponctués de petits villages traditionnels, de sanctuaires isolés et de châteaux médiévaux.
« Le Douro Verde représente l’âme profonde du Portugal rural », explique Manuel Vitorino, guide local et historien. « Ici, les traditions séculaires ne sont pas maintenues pour les touristes, mais font simplement partie du quotidien des habitants. »
À Amarante, ville élégante traversée par le Tâmega, les pâtisseries locales perpétuent la tradition des douceurs conventuelles, tandis que le monastère de São Gonçalo témoigne de la richesse architecturale de la Renaissance portugaise.
Plus au nord, le parc naturel d’Alvão surprend par la diversité de ses paysages : cascades spectaculaires, forêts anciennes et villages isolés où le temps semble s’être arrêté.
À ne pas manquer : Les « passadiços » (passerelles) du Paiva, un parcours de 8 kilomètres longeant la rivière sur des passerelles en bois, offrant des vues imprenables sur l’un des cours d’eau les plus préservés d’Europe.
L’Arrière-pays de Madère, une île dans l’île
Si Funchal et les stations balnéaires du sud de Madère attirent de nombreux visiteurs, l’intérieur montagneux de l’île constitue un monde à part, encore largement préservé du tourisme.
« Beaucoup de visiteurs ne voient que la côte et les jardins tropicaux, mais les montagnes et les villages isolés du centre de l’île offrent une expérience complètement différente », souligne Carolina Ferreira, responsable de l’écotourisme à Madère.
À Santana, sur la côte nord, les maisons triangulaires traditionnelles aux toits de chaume descendant jusqu’au sol témoignent de l’ingéniosité des anciens habitants face aux conditions climatiques de l’île.
Les randonneurs apprécieront particulièrement les sentiers suivant les « levadas », ces canaux d’irrigation creusés à flanc de montagne depuis le XVIe siècle pour acheminer l’eau des versants nord humides vers les terres agricoles plus sèches du sud.
À ne pas manquer : Le sentier reliant le Pico do Arieiro au Pico Ruivo, les deux plus hauts sommets de l’île, offre des panoramas à couper le souffle sur les crêtes déchiquetées et les vallées vertigineuses du centre de Madère.
Le Trás-os-Montes, l’ultime frontière
À l’extrême nord-est du Portugal, aux confins de l’Espagne, le Trás-os-Montes (« au-delà des monts ») reste la région la plus isolée et la moins visitée du pays. C’est pourtant là que se perpétuent certaines des traditions les plus anciennes et authentiques de la culture lusitanienne.
« Notre isolement historique a été notre meilleure protection », explique António Monteiro, ethnologue spécialiste de la région. « Ici, certaines coutumes préchrétiennes et même préromaines perdurent, comme les mascarades d’hiver ou le langage sifflé de certains villages frontaliers. »
Dans le parc naturel de Montesinho, les villages en granit semblent figés dans le temps. À Rio de Onor, village frontalier, un système communautaire ancestral régit toujours l’utilisation des terres et des ressources collectives.
La gastronomie locale, robuste et généreuse, reflète le caractère de cette terre rude : « posta mirandesa » (entrecôte de bœuf local), saucisses fumées, ragoûts de gibier et pain de seigle cuit au four communal.
À ne pas manquer : Les fêtes d’hiver dans les villages du nord-est, notamment à Podence où les « Caretos », personnages masqués vêtus de costumes colorés à franges, perpétuent des rituels païens millénaires.
L’émergence d’un nouveau type de tourisme
Cette redécouverte des régions méconnues du Portugal s’inscrit dans une tendance plus large du tourisme post-pandémie. Selon une étude récente de l’Organisation Mondiale du Tourisme, 68% des voyageurs européens déclarent désormais privilégier les destinations moins fréquentées et les expériences authentiques.
« Nous observons un changement significatif dans les comportements touristiques », confirme Rita Marques, ancienne secrétaire d’État au Tourisme du Portugal. « Les voyageurs sont plus conscients de leur impact et recherchent une immersion véritable dans la culture locale plutôt qu’une simple consommation de lieux. »
Ce tourisme plus distribué profite également à l’économie locale de ces régions souvent confrontées au défi du dépeuplement. « Chaque euro dépensé dans une guesthouse familiale de l’Alentejo ou un restaurant traditionnel du Trás-os-Montes a un impact direct sur la communauté », souligne Manuel Tão, économiste spécialiste du tourisme.
Pour découvrir ces facettes méconnues du Portugal, privilégiez les séjours hors saison, particulièrement au printemps et en automne. Les températures y sont douces, les paysages à leur apogée et vous aurez tout le loisir d’échanger avec les habitants, véritables gardiens de ce patrimoine culturel unique.