Un secteur en pleine reprise qui innove pour se démarquer
Après des années difficiles marquées par la pandémie et les incertitudes économiques, le transport aérien européen affiche une santé retrouvée. Selon les dernières données de l’Association du Transport Aérien International (IATA), la demande globale pour les vols européens a augmenté de 7,8% au premier trimestre 2025 par rapport à la même période en 2024.
« Nous assistons à un rebond spectaculaire et durable du trafic aérien, particulièrement sur les segments loisirs et visiteurs de famille et amis », confirme Marie Desnoyers, analyste chez Eurocontrol. « Les compagnies répondent à cette demande par une expansion stratégique de leur réseau. »
Air France-KLM étend son réseau moyen-courrier
Le groupe franco-néerlandais a annoncé hier l’ouverture de 27 nouvelles liaisons pour la saison estivale 2025, principalement depuis ses hubs de Paris-Charles de Gaulle, Amsterdam-Schiphol et Lyon-Saint Exupéry.
Parmi les nouvelles destinations phares figurent Dubrovnik (Croatie), Rijeka (Croatie), Alghero (Sardaigne), et Funchal (Madère). « Ces nouvelles routes répondent à une demande croissante pour des destinations balnéaires moins connues, offrant authenticité et expériences locales », explique Laurent Magnin, directeur commercial du groupe.
Air France renforce également sa présence au Moyen-Orient avec l’ouverture d’une ligne vers Mascate (Oman), opérée trois fois par semaine en Airbus A350-900.
Point fort : La compagnie française déploie son programme « Ready To Fly » sur l’ensemble de son réseau, permettant aux passagers de vérifier en amont tous leurs documents de voyage et formalités sanitaires.
Lufthansa mise sur l’Asie et les longs-courriers
Le transporteur allemand a dévoilé une stratégie ambitieuse axée sur les destinations long-courriers, avec 15 nouvelles routes depuis ses hubs de Francfort et Munich.
L’Asie constitue la priorité du groupe avec de nouvelles liaisons vers Hanoi (Vietnam), Chiang Mai (Thaïlande), et le renforcement des fréquences vers Tokyo, Séoul et Singapour. « Nous constatons un intérêt renouvelé pour l’Asie, notamment de la part des voyageurs d’affaires », indique Carsten Spohr, PDG du groupe Lufthansa.
En Europe, la compagnie allemande densifie également son réseau avec de nouvelles destinations vers Reykjavik (Islande), Cork (Irlande) et Thessalonique (Grèce).
Point fort : Le déploiement de nouveaux Airbus A350-900 sur ces lignes, réduisant l’empreinte carbone de 25% par rapport aux appareils de génération précédente.
Ryanair et easyJet : la bataille des prix bas s’intensifie
Les compagnies à bas coûts ne sont pas en reste dans cette offensive estivale. Ryanair a annoncé pas moins de 45 nouvelles routes depuis ses bases européennes, ciblant principalement des destinations ensoleillées comme les îles grecques, la côte espagnole et le Portugal.
« Nous constatons une demande record pour les vacances méditerranéennes, avec des réservations en hausse de 23% par rapport à l’été dernier », déclare Michael O’Leary, PDG de Ryanair. La compagnie irlandaise a également confirmé l’ouverture de trois nouvelles bases en Europe du Sud.
De son côté, easyJet contre-attaque avec 30 nouvelles liaisons, dont plusieurs vers des destinations moins courues comme Brac (Croatie), Preveza (Grèce) et Ancône (Italie). « Notre stratégie consiste à proposer des alternatives aux destinations surchargées, tout en maintenant notre politique tarifaire attractive », explique Johan Lundgren, directeur général d’easyJet.
Point fort : Les deux transporteurs investissent massivement dans leur flotte, avec la livraison prévue de 25 nouveaux Boeing 737 MAX pour Ryanair et 18 Airbus A321neo pour easyJet d’ici l’été.
Le défi de la durabilité au cœur des stratégies
Face aux préoccupations environnementales croissantes, les compagnies aériennes multiplient les initiatives pour réduire leur empreinte carbone.
SAS Scandinavian Airlines a dévoilé son programme « Green Skies 2025 », visant à réduire de 25% ses émissions de CO2 d’ici 2030. « Nous avons déjà augmenté notre utilisation de carburants d’aviation durables (SAF) à 5% sur l’ensemble de nos vols européens », précise Anko van der Werff, PDG de SAS.
Air France-KLM poursuit également ses efforts avec l’objectif d’incorporer 10% de SAF dans ses approvisionnements d’ici 2027. « C’est un défi industriel et économique majeur, mais incontournable pour l’avenir de notre secteur », souligne Benjamin Smith, directeur général du groupe.
Les nouvelles tendances qui émergent
1. Les « hubs secondaires » en plein essor
Pour éviter la congestion des grands aéroports européens, les compagnies développent leur présence dans des aéroports régionaux. « Ces plateformes secondaires offrent souvent une meilleure expérience voyageur, avec moins de temps d’attente et des processus simplifiés », analyse François Navarro, consultant en transport aérien.
2. La personnalisation à l’extrême
Les compagnies traditionnelles multiplient les offres sur mesure pour se différencier des low-cost. « De la possibilité de réserver un repas spécifique à l’avance jusqu’au choix précis de l’heure de livraison des bagages à l’hôtel, nous entrons dans l’ère de l’hyper-personnalisation », note Elena Sordello, responsable marketing chez Air France.
3. Les formules « train + avion » se généralisent
Pour répondre aux préoccupations environnementales, de plus en plus de compagnies proposent des billets combinés train+avion. Lufthansa a ainsi étendu son programme « Express Rail » à 24 gares allemandes, permettant aux voyageurs de rejoindre leurs vols via le réseau ferroviaire avec un billet unique.
L’impact sur les prix pour cet été
Malgré cette offensive d’ouverture de lignes, les experts s’attendent à une hausse modérée des tarifs pour la haute saison. « L’augmentation de l’offre est en partie compensée par la hausse des coûts opérationnels, notamment les carburants et les redevances aéroportuaires », explique Marc Rochet, analyste aérien.
Les réservations anticipées restent donc la meilleure stratégie pour bénéficier de tarifs avantageux. « Les compagnies ont adopté des systèmes de tarification dynamique de plus en plus sophistiqués. Le même vol peut voir son prix varier de plus de 200% selon le moment de réservation », précise-t-il.
Avec cette offensive estivale sans précédent, les compagnies aériennes européennes montrent leur confiance retrouvée dans un marché en pleine croissance. Pour les voyageurs, cette multiplication des options représente une opportunité de découvrir de nouvelles destinations, à condition de savoir naviguer dans un environnement tarifaire de plus en plus complexe.